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Commentary

Point de vue prospectif sur l’Afrique: La science et l’agriculture

Editor's note:

Vous trouverez ci-dessous un point de vue prospectif du chapitre 2 du rapport Foresight Africa 2017. Ce rapport explore six thèmes généraux qui offrent à l’Afrique des outils pour surmonter ses obstacles et stimuler une croissance inclusive. Pour lire le chapitre complet sur la manière d’augmenter les possibilités d’emploi, cliquez ici.

foresightafrica_brandingbadgeLe problème du chômage des jeunes en Afrique est fondamentalement une question de modernisation agricole et d’investissement scientifique. L’agriculture demeure l’activité dominante de la plupart des jeunes Africains, et ce en dépit du fait que peu d’entre eux répondent « je veux être agriculteur » à la question de savoir ce que sont leurs aspirations. Il y a plus de jeunes qui restent travailler dans les exploitations agricoles que de jeunes qui partent, bien que le mouvement d’exode soit bien visible et qu’il ait fait naître des craintes au sujet de la sûreté alimentaire, du vieillissement des campagnes et de la dépendance excessive envers les importations de nourriture. Il vaudrait mieux se soucier de comprendre les besoins des jeunes qui restent dans les exploitations agricoles, car ils constituent un groupe de taille importante qui grandira dans un contexte de ralentissement mondial et d’affaiblissement du boom des matières premières affectant le continent. L’agriculture qui permettra aux jeunes agriculteurs de prospérer devra s’inspirer des meilleures techniques scientifiques agricoles modernes, ce qui n’est pas le cas actuellement.

Les actuels taux d’investissement dans les sciences agricoles ne peuvent pas soutenir la modernisation. Le paradigme dominant consistant à « combler les lacunes en matière de rendement » a fait naître l’idée fausse selon laquelle les sciences connues peuvent être appliquées de manière très efficace sans investir dans les nouvelles sciences. Sur l’ensemble du sous-continent, et ce bien que l’investissement dans la recherche agricole ait augmenté en termes réels depuis 2000, il n’en a pas moins baissé en tant que part du PIB agricole. Les dépenses dans la recherche agricole dans la région subsaharienne de l’Afrique par rapport à la taille du secteur agricole représentent la moitié de celles de l’Amérique latine et des Caraïbes. À une époque où les réseaux sociaux améliorent grandement la capacité des jeunes à communiquer, même dans les zones rurales reculées, l’absence de communautés scientifiques florissantes sape la volonté de soutenir l’innovation. Même les variétés améliorées que les agriculteurs cherchent peuvent avoir au moins dix ans ou plus. Les parasites, les maladies et les schémas climatiques erratiques d’aujourd’hui submergent les nouvelles variétés d’hier. La science qui ne se met pas à jour accuse des retards.

Une science capable de rester à jour peut offrir les résultats recherchés. Plus de 200 nouvelles variétés de haricots ont été développées et diffusées par l’intermédiaire de l’Alliance panafricaine pour la recherche sur le haricot (PABRA), un consortium de 29 pays africains producteurs de haricots dirigé par le Centre international d’agriculture tropicale (CIAT). Ces nouvelles variétés aident à transformer les haricots d’un aliment de subsistance en une culture commercialisée riche en nutrition. Plus de 60 nouvelles variétés de patates douces oranges enrichies en vitamine A ont été diffusées dans 15 pays d’Afrique au cours de ces quinze dernières années, ce qui a réduit les carences en vitamine A de millions de personnes. Le nouveau programme sur les gains génétiques des poulets africains (African Chicken Genetic Gains ou ACGG) dirigé par l’Institut international de recherche sur le bétail (ILRI) en partenariat avec les gouvernements d’Éthiopie, du Niger et de Tanzanie produit un meilleur poulet de basse-cour pour les petits exploitants agricoles. Ces programmes et autres efforts visant à renforcer les fondations scientifiques de l’agriculture africaine sont indispensables à la création des emplois destinés aux jeunes gens ambitieux et pleins d’espoir. Certains nouveaux membres de la population active doivent devenir des scientifiques et des millions d’autres doivent être les bénéficiaires de la science à travers les progrès réalisés au niveau de la gestion des sols, de l’atténuation des gaz à effet de serre, de la création de meilleures races et graines, de la gestion améliorée des parasites et des maladies, de la réponse rapide face aux chocs biotiques et de la myriade d’autres manières dont la science avancée renforce l’agriculture.

Les défis que représentent l’emploi des jeunes et la modernisation agricole sont souvent considérés comme étant isolés et gérés en tant que tels. Ils sont en fait inséparables, soit sous la forme de problèmes se renforçant mutuellement venant mettre en danger l’avenir de tout un continent, soit sous la forme de solutions se renforçant mutuellement, chacune pour le problème de l’autre. L’investissement dans les sciences agricoles en détermine la nature.

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